Entre 2 averses, avec le peu de lumière dispo je tente les photos.
Septembre 1944 au détour d'un chemin de Flandre orientale un Morris LRC des sapeurs de la 10th Field Engineer Coy (1re DB Polonaise) s'arrête devant un ponceau à moitié détruit, les officiers évaluent la possibilité d'amener du matériel de pontage léger afin de le rendre praticable pour l'infanterie voire les véhicules légers ; en effet lors de leur retraite depuis la Picardie les soldats de la 15. Armee allemande ont pratiqué le maximum de coupures sur les innombrables cours d'eau et watergangs parsemant le nord de la Belgique afin de ralentir la progression des troupes de la 1re Armée Canadienne vers l'estuaire de l'Escaut où l'évacuation des troupes allemandes vers l'île de Walcheren bat son plein.
Les kits :
*Morris LRC MkII (Cromwell Model Productions CK77 - 1997) . Cette marque écossaise disparue depuis une dizaine d'années, grande rivale d'Accurate Armour, n'avait aucun distributeur du fait de pratiques commerciales douteuses de son fondateur Gordon BROWN rebutant les clients qu'ils soient particuliers ou magasins, donc le seul et unique moyen d'en acquérir "de visu" était les salons anglais. Dans une boîte en carton fort on trouve 15 pièces principales séparées et 69 petites pièces plus petites sur supports, par contre pas de décals et une notice infâme (comme toutes les notices Cromwell) avec néanmoins des photocopies du manuel reprenant l'aménagement intérieur : tout ça pour contruire un Morris LRC MkII avec un intérieur plus que décent. Le moulage en résine est très fin (Cromwell était vraiment excellent dans sa partie : dans le kit de l'AEC Dorchester il y avait une petite chaîne moulée en une seule partie dont les maillons s'articulaient), quelques bulles pas méchantes, des carotes de moulage bien placées et réduites à leur plus simple expression, les pièces sont très détaillées mais hélas pas repérées par numérotation ou par sachet.
Mais quid d'un LRC ? La classe Light Recconnaissance Car était destinée à la reconnaissance au profit des Divisions d'Infanterie donc peu blindée, peu armée mais rapide (du reste ils sont classés dans la liste des véhicules de Type "B" c'est à dire pas en véhicule de combat, le tout est corroboré par une immat préfixée en "M"c'est à dire "Cars, Light") , dans cette catégorie on trouve le Humber LRC, le Morris LRC et le matériel canadien GM "Otter". Disons-le tout de suite les LRCs n'ont pas soulevé l'enthousiasme : quand les unités du Reconnaissance Corps ont été amalgamées avec le Royal Armoured Corps, ce dernier n'a pas trouvé sérieux de les garder et a échangé dès que possible ces matériels pour des plus performants (Daimler et Humber Armoured Cars et même des chars légers Stuart V détourellés) mais le premier à s'être vu relégué a été celui développé par Morris (même après son passage en 4X4 avec le MkII et malgré une prod de plus de 2 000 exemplaires, les 3 hommes d'équipage, chauffeur au milieu, n'y avaient pas beaucoup de place) qui a été reversé dans la RAF et l'USAAF pour la protection des aérodromes, dans les unités du RASC pour la protection des convois et dans les Royal Enginers Field Units où nous retrouvons notre maquette.
Le montage débute par le déchiffrement de la notice : où est la 1° page ? Encore un truc pas numéroté ! Puis placer à blanc les 4 principales pièces du véhicule et poncer ça et là quelques fractions de millimètres pour que tout s'emboîte, à noter que la décomposition des pièces permet un ajustage optimum et de rigidifier la caisse moulée en 1 seule partie dont les côtés sont moulés avec une épaisseur raisonnable mais dont le tour des trappes toutes ouvrables moulé en biseau offre un visuel convaincant, évidemment on ne colle pas ces pièces pour faciliter la mise en peinture de l'intérieur à moins que vous ne la présentiez fermée. Toujours au chapitre de la préparation : creuser les 6 trous (diam 2mm) en face arrière de la caisse (ils servent à la vision du pilote en marche arrière et éventuellement à la ventilation du compartiment de combat/conduite), refaire la grille de ventilation arrière qui est trop plate et ne ressemble pas trop à une grille dont on doit voir ce qu'il y a derrière et trouver 5 roues (9.00x16) au dessin anglais, pour ma part grace à Phil WIRTON des roues du vénérable mais très acceptable kit Chevrolet 15cwt Max/Tomy/Peerless/Airfix/Bilek/Testors/Italeri.
La doc est très limitée : 2 articles avec moult photos dont l'intérieur dans Military Modelling Vol28/2 - 1998 et Tank & Military Vehicles 21 - 2015 qui couvrent le même véhicule et incidemment c'est celui qui a servi de base pour le master de ce kit Cromwell, ces articles sont à mon avis indispensables pour compenser le manque de précision de la notice et pour ajouter les quelques détails manquants. On commence par l'intérieur : pour la tourelle ajouter les volets coulissants obturant les 2 fentes de vision, le coussin à l'arrière entre les dits volets, le câble de tir du lance-patates, un chargeur Bren, un SMLE le long du support gauche du siège, la poignée de manœuvre, les 4 roulettes et le blocage de rotation. On continue par le compartiment de conduite, le plus parlant est de se référer aux illustrations du manuel technique présentes dans la notice Cromwell.
Pour le reste du compartiment de combat il manque pour le côté gauche une Sten et ses 2 attaches et une caisse de rations ; le côté droit RAS ; pour l'avant le levier de manœuvre du volet du pilote ; pour l'intérieur du toit il faut 3 raidisseurs ceinturant le chemin de roulement du tourelleau ; pour l'arrière le levier de manœuvre du volet arrière, un petit rembourrage derrière la trappe arrière carrée, un plafonnier + câble + boîtier interrupteur, le gros boulot concerne la radio : la bâche de protection, le variomètre cylindrique, le boîtier de jonction/ répartition, la petite caisse contenant les pièces de rechange et les câblages.
Quant à l'extérieur d'avant en arrière il faudra détailler (pour ce qui est visible) les tiges des amortisseurs à friction, les vis pour la vidange et le remplissage des 2 ponts et ajouter les 2 fourrures en bout de longerons avant, pour détailler les freins et la direction j'ai utilisé les pièces du Chevrolet 15cwt Max/Tomy/Peerless/Airfix/Bilek/Testors/Italeri qui se marient parfaitement avec les roues de même origine, refaire les 2 tiges des freins arrière qui sont moulées dans la masse. Sur le dessus de la caisse il manque le plot d'antenne "B" du poste N°19 (préparer les antennes pour le plot "A" 1,7cm et pour le "B" vous avez le choix de 1 à 4 sections de 3,5cm) et en face arrière la 2° attache pour les plaques de désensablement. Pour personnaliser le véhicule j'ai remplacé d'après photo les racks latéraux par un modèle plus conséquent en cornières pvc et barres en laiton.
Peinture et marquages : si construit entre le début de prod (1943) et avril 1944 : marron SCC2 + disruptive Nobel's black tarmac N°4 pour l'extérieur et pour l'intérieur blanc (les pigments alu ayant été réservés pour l'aviation dès 1941). Si construit après avril 1944 : SCC 15 olive drab (qui présente une teinte plus verte que l'OD US) sans disruptive, mais on peut aussi trouver en fin de guerre des SCC2 repeints en SCC15 intégral ou ayant gardé leur disruptive black tarmac.
Marquages de la 1st Polish Armoured Division vus sur photos : 10th Field Engineer Coy avec immat M5204521 ou 11th Field Engineer Coy avec immat M5204382.
Note : les immat. se situent entre M5204212 et 5204661 pour un 1er marché et entre 5848711 et 5849310 mais peut-être que ce 2e marché n'a pas été rempli dans sa totalité.
*Triumph 3HW (Bronco CB35035 - 2009) . Bronco nous fournit ici une magnifique représentation de cette moto (en fait il y en a 2 dans la boîte) construite à 27 777 exemplaires : ça peut sembler beaucoup mais cela ne représente que 6% des 450 000 motos réceptionnées par le War Office, l'armée britannique ayant des motos à tous les niveaux de son organigramme jamais supplantées par la jeep (à titre de comparaison l'industrie américaine a construit 160 000 motos pour plus de 640 000 jeeps). Après les moutures dispendieuses en white metal/photodécoupe SMA et Swash Design puis en résine SOL Models (en fait la reprise en résine du kit SMA) , cette sortie à un prix abordable, en plastique injecté est la bienvenue. Les motos allemandes de chez Lion Roar/Great Wall Hobby avaient nettement relevé le niveau de détails pour une moto, ici Bronco a encore franchi une étape dans la finesse et le détail une peu comme la Harley Davidson de Miniart mais avec un plastique plus agréable à travailler. Dans la boîte au boxart très bien rendu on trouve 1 grappe pour chaque moto, 1 grappe pour de l'armement, 1 grappe pour les 3 personnages (2 motards et un MP) , 1 planche de photodécoupe pour chaque moto et 1 planche de décals.
Un avertissement pour les rayonnages en photodécoupe : un gabarit est fourni pour la mise en forme et je pense qu'il est préférable de couper à ras les tenons de positionnement des demi-roues A56/57 afin de coller les roues avec un rayonnage "décalé", tant qu'on est sur les roues, ajoutez une rondelle de diamètre 4mm et d'épaisseur 0.5mm sur la grande flasque de chaque roue afin d'étoffer le frein à tambour.
Montage : tout d'abord il faut préciser que Bronco nous a gratifiés d'une 3HW du 1er contrat (la prod commence en juin 1941) caractérisé par un ampèremètre et le sélecteur d'éclairage sur le phare, un feu arrière et 2 plaques d'immat, une nervure centrale aux 2 garde-boues. En 1942 des simplifications de production se mettent en place progressivement : le feu arrière devient tubulaire, les plaques d'immat disparaissent ainsi que la nervure du garde-boue arrière, les poignées au guidon sont en "webbing", les grippe-genoux disparaissent mais les trous de fixation sur le réservoir sont toujours présents, les marchepieds perdent aussi leur caoutchouc et on peut trouver un tansad et un porte-bagages reculé. 78 pièces en 6 étapes, ça parait simple mais on perd du temps à tenter d'ébavurer et à rechercher sur le plancher pas mal de pièces très petites et on sent que l'ensemble risque d'être fragile au vu de la finesse des marchepieds, sélecteur de vitesses, pédale de frein arrière, etc... Bon point : le collage à la Tamiya "bouchon vert" n'attaque pas le plastique Bronco. J'ai suivi la notice toutefois sans coller les roues en place, la souplesse du plastique permet de les inserrer après peinture. Montage facile jusqu'à l'avant-dernière étape où il faudrait 4 mains pour assembler et aligner les 14 pièces (et il y en a des très petites) composant la fourche avant ainsi que les pièces composant le tansad et l'ensemble porte-bagages/paniers ; une ceux-ci assemblés/alignés j'ai préféré rigidifier le tout à la cyano pour que ça puisse supporter les manipulations lors de l'assemblage final de la machine. Je me suis aperçu trop tard que le réservoir présentait une échancrure à l'arrière droite, il faut la combler pour une machine "early" : c'était pour faire passer la tubulure du filtre à air standardisé Vokes monté sur le dessus du réservoir et fixé grâce à des pattes vissées dans les trous des grippe-genoux, ce montage intervient à partir du 2e semestre 1943 ; tant qu'on est sur le réservoir, l'idéal serait de creuser les demi-réservoirs d'essence sur leur face inférieure et de coller un profilé en demi cercle afin de figurer le tube horizontal du cadre et de pouvoir y cacher les différents câbles passant de l'avant vers l'arrière.
Pour coller à l'immat choisie, j'ai préféré mettre des grippe genoux, un feu arrière tubulaire, le garde-boue arrière sans nervure et par convenance personnelle j'ai remplacé une sacoche arrière par un jerrycan.
Les points améliorables d'avant en arrière : les 4 têtes de vis aux extremités de la tringle de garde-boue avant, les petites manettes de chaque côté du guidon et le bouton du klaxon (voir l'image du manuel),
la tige reliant le haut du moteur au tube avant du cadre, le ski de protection sous le bas-moteur, un écrou au centre du klaxon et ses vis de fixation, le robinet d'essence sous le côté gauche du réservoir d'essence, le récepteur d'embrayage sur la boîte de vitesses, le serrage de la sangle maintenant la batterie, 4 traces de rivets de chaque côté de la selle et 2 de chaque côté du tansad, une pompe à vélo au dessus du garde-chaine, une rainure à creuser transversalement sur le garde-boue arrière (on pouvait ainsi en relever une partie pour dégager la roue), le ressort de rappel de la béquille arrière et la tringle de garde-boue arrière complétement oubliée par Bronco ainsi que les têtes de vis aux extremités de cette tringle.
On passe ensuite au câblage et là il y a du monde, pas sûr que je puisse tout mettre, voilà ce que j'ai pu identifier : frein avant↔compteur de vitesse ; guidon droite : grande manette↔frein avant, bouton↔klaxon, poignée↔carburateur (accélérateur), petite manette supérieure↔carburateur (starter) ; guidon gauche : grande manette↔récepteur embrayage, petite manette inférieure↔magdyno (avance à l'allumage), petite manette supérieure↔côté droit de la culasse (décompresseur) ; magdyno↔phare (ampèremètre), magdyno (2 cables)
↔batterie, magdyno↔bougie ; carburateur↔robinet essence ; feu arrière↔phare avant ( commande d'éclairage) ; réservoir d'huile↔bas moteur(1 durite aller et 1 retour) et peut-être d'autres qui m'ont échappés.
Peinture et marquages : teinte générale en SCC2 "Brown" en vigueur en ce début de premier contrat (à faire soi-même, j'ai suivi la recette de Mike STARMER le spécialiste des peintures brits : en Tamiya : 4 volumes de XF3 yellow, 2 volumes de XF28 NATO brown et 1 volume de XF1 black). À noter que la couleur SCC2 n'a pas fini sa carrière pour autant après le passage au SCC15 en avril 1944 : les caisses de munitions ont continué à être peintes en SCC2 jusque au moins les années 1950 ainsi que les éléments de pont Bailey car les pièces de Bailey "made in USA" peinte en olive drab n'étaient pas toutes compatibles avec les pièces "British Made".
Un mot au sujet des décals proposés par Bronco : ne cherchez pas le décal pour l'ampèremètre sur le phare : il n'y en a pas sur la planche ; toujours en analysant la planche, le C5566925 est pour une machine du 2e contrat, le 602241 est pour un camion Albion... et il y a sur la planche un C886687 qui n'est référencé nulle part sur la notice mais qui pourtant est le seul à correspondre à une machine du 1er contrat comme figurée par Bronco (néanmoins Bronco fournit lettres et chiffres individuels pour confectionner l'immat que vous voulez) à placer sur les côtés du réservoir d'essence en dessous des magnifiques décals "Triumph", un insigne de nationalité "PL" en bas du garde-boue arrière et trouver de la place pour l'AOS 46 de la 10th Field Engineer Coy et l'insigne de la 1st Polish Armoured Division ; sur certaines machines on peut trouver une tache de peinture réagissant aux gaz sur le garde-boue avant (Humbrol 81 "Pale Yellow") et une étoile sur le dessus du réservoir d'essence.
*Les figs :
Le chauffeur au repos provient de l'excellente gamme du tchèque SKP (réf 010), les officiers sont tirés de la réf Miniart 35165 "A" et "D", ces 3 figs ont leur tête changée ou pour les officiers modifiée avec un béret tiré vers l'arrière "à la polonaise" ; le motard qui attend les ordres est une fig Tamiya jointe avec le kit BSA M20 dont il faudra adapter les plis du pantalon et les fesses pour s'adapter à la selle de la Triumph et le sapeur qui vérifie l'absence de mines est le Miniart 35083 "C"dont il a fallu raccourcir le manche C10 du détecteur de mines afin d'être légèrement écarté du sol. À noter que les uniformes sont anglais mais avec des caractéristiques de la 1e DB Polonaise, pour résumer : épaulette noire à gauche et khaki à droite plus des flammes à double pointe au col.
Le décor :
Base en bois, reliefs en polystyrène extrudé, ponceau en plâtre (réf S051 de chez feuMK35...mais pas de panique la gamme MK35 est entrain d'être reprise progressivement par Field of Glory) , route en poussière de caniveau, eau en résine cristal Pébéo/Gédéo et entourage en planchette balsa. Bon il faut bien l'avouer j'ai merdé sur cette planchette : la route, l'eau, etc...
Merci de m'avoir lu/vu et à la prochaine.
Amitiés maquettistes,
Patrice.
, je cherche toujours celui sur le 234 à 4 roues proto de fin de guerre. Bravo pour le choix de ton morris, un véhicule très peu vu en maquette, j'avais fait celui d'accurate qui a le désavantage d'être fermé mais impossible de trouver celui de cromwell 
. J'adore tes historiques bien documentés et tes montages précis avec des détaillages parfaits 
